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Mode éthique et féminisme, même combat ?

mars 08 2022 – Emilie Hubert

Mode éthique et féminisme, même combat ?
Mode éthique et féminisme, même combat ?
féminisme et mode éthique

Je suis de celles et ceux qui pensent que l’on se trompe en se focalisant sur un seul combat : écologie, féminisme, anti-racisme mais aussi justice sociale, démocratie, liberté de la presse… les combats pour un monde plus juste et plus sain sont nombreux. Pourtant, ils sont tous liés et se battre pour l’un, c’est un peu (beaucoup ?) se battre pour d’autres.

J’ai choisi mon combat en créant mon entreprise : rendre la mode plus responsable. A priori, rien à voir avec, par exemple, le combat contre le féminisme (je dis ça au hasard, en cette journée dédiée aux droits des femmes). Et pourtant…


La mode, instrument de soumission de la femme par la force


Selon la Banque Mondiale, la mode reste l'une des industries les plus intensives en main-d'œuvre au monde, et la plupart de ce travail est effectué par des femmes. Dans le monde entier, on estime qu'environ 80 % des travailleurs de l'habillement sont des femmes. Et selon la Walk Free Foundation, les femmes représentent 71 % des personnes prises au piège de l'esclavage moderne, où les vêtements occupent la deuxième place dans la catégorie des produits à risque.


Une étude de l’association Fashion Revolution indique que, au « Cambodge, où les femmes syndiquées se sont engagées avec 83 collègues féminines, 48 % d'entre elles ont déclaré avoir subi des violences sexistes au travail, 28 % déclarant que quelqu'un au travail les avait obligées à coucher avec elles pour prolonger un contrat, réparer leur machine à coudre ou obtenir une prime. Parmi les 105 travailleurs indonésiens de l'habillement qui ont participé aux entretiens et aux groupes de discussion, les femmes ont déclaré que les managers et autres dirigeants les frappaient, leur tiraient les cheveux, les tripotaient, les touchaient et les embrassaient au travail et leur demandaient des faveurs sexuelles. L'une d'entre elles a même été menacée de mort. »


Si on regarde plus loin, on s’intéresse à la production de matières premières. Sur la planète, les femmes exercent 80 % du travail de la terre, mais ne sont propriétaires que de 5 % de celles-ci. Et ne perçoivent que 10 % des revenus de ce travail.


De nombreuses autres études existent, mais je pense que vous avez compris l’idée.


La mode, instrument de soumission psychologique de la femme


Au-delà du traitement des personnes qui fabriquent nos vêtements à l’autre bout du monde, la mode d’aujourd’hui est aussi complètement misogyne : le marketing moderne se plait à nous créer des complexes, à nous imposer sa vision de ce que devraient être nos corps pour nous faire acheter toujours plus de vêtements dont on n’a, objectivement, pas vraiment besoin.


Et le pire dans tout cela, c’est qu’aujourd’hui, on nous sert du féminisme comme argument marketing. Je dis aujourd’hui mais ce n’est pas si récent que cela. Au début du XXème siècle, un vent de liberté souffle sur la mode. Des créateurs (et surtout des créatrices) libèrent le corps des femmes, jusqu’ici emprisonné dans des corsets, des crinolines et j’en passe. La plus connue de ces créatrices est Coco Chanel qui invente un look androgyne.


Dans les années 1960, c’est la mini-jupe qui devient symbole d’émancipation. Mais que dire de celle qui est devenue à cette époque une icône de la mode et qui refuse catégoriquement cette nouvelle pièce, arguant que c’est « indécent » ?



La volonté de libérer le corps des femmes était-elle un simple argument de vente, une façon de se démarquer en surfant sur une tendance ?


Quand je passe devant un magasin d’une grande marque et que je vois un slogan féministe sur un t-shirt ou un sweat fabriqué dans des conditions lamentables par des femmes maltraitées et malpayée, je trouve ça scandaleux, révoltant, et même humiliant pour toutes les femmes de la planète.


Et même si l’on part du principe que cela part d’une envie réelle d’aider les femmes occidentales à s’affirmer, à s’émanciper, peut-on vraiment accepter que ce soit fait au détriment des autres que l’on exploite sans vergogne ? Sans reparler des conditions de travail déplorables, ces femmes sont victimes de violences sexuelles et sexistes importantes. Selon ONG CARE International et Garment Worker Diaries :
- ⅓ des employées du textile ont été victimes de harcèlement sexuel sur leur lieu de travail sur une période de 12 mois
- 60% des personnes interrogées ont été victimes de discrimination fondée sur leur genre
- plus de 15% d’entre elles ont été menacées
- 5% d’entre elles ont été violentées


Lutter contre la fast-fashion et pour une mode beaucoup plus respectueuse, c’est aussi un combat contre le patriarcat, contre les violences faites aux femmes et pour l’égalité homme-femme. Et le message passera beaucoup mieux si on arrête toutes d’acheter des vêtements dans ces enseignes que si on porte leurs T-shirt à messages.


féminisme et mode éthique féminisme et mode éthique


Aujourd’hui, je me devais de mettre l’accent sur le féminisme et la lutte pour les droits des femmes. Mais je pourrais rattacher plein d’autres sujets de société à celui de mon combat pour une mode plus éthique. En vrac : l’augmentation de la pauvreté et le chômage de masse chez nous alors qu’on a délocalisé la production textile (on importe plus de 95% du textile en France alors qu’une récente étude a montré qu’en relocalisant 1% de cette production on créerait des milliers d’emplois) ; le racisme et le fait d’exploiter via l’esclavagisme moderne des personnes très essentiellement non blanches dans les pays en développement (que l’on pollue au passage, chez nous on préfère que les rivières restent « propres ») ; la démocratie et les libertés fondamentales : comment peut-on s’offusquer de l’emprisonnement des ouïgours tout en continuant à acheter des vêtements ou des téléphones de marques qui les font travailler ?


On ne le redira jamais assez : chaque achat est un vote pour le monde dans lequel on veut vivre. Et acheter un vêtement d’une marque éthique à la place d’un vêtement de fast-fashion, c’est une petite pierre à l’édifice d’un monde plus juste, plus égalitaire, plus libre, plus sain.


Oui, il faut continuer à parler des droits des femmes et surtout des manquements sur ce sujet. Il n’y a que comme cela que le plus grand nombre prendra conscience des problématiques liées à cette question. Mais si on veut vraiment agir, je suis persuadée que c’est facile, pour tous, de le faire au jour le jour, sans même avoir à militer, en arrêtant d’acheter nos vêtements à des marques dont les valeurs ne correspondent pas aux nôtres.


féminisme et mode éthique

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