Les fibres textiles: la soie
avril 28 2015 – Emilie Hubert
La fibre de soie provient du cocon conçu par la chenille du bombyx du mûrier, plus communément appelée ver à soie. C’est donc une fibre textile naturelle d’origine animale.
Les plus vieux fragments de soie trouvés en Chine datent du IIIème millénaire avant Jésus-Christ. Les grands empires antiques l’ont découvert progressivement, au fur et à mesure du développement des échanges avec le monde asiatique. La soie resta très longtemps un mystère pour les civilisations occidentales car le secret de sa production fut très bien gardé. Les Perses l’auraient utilisée dès le IIème millénaire avant notre ère puis l’aurait progressivement transmises vers le Proche Orient puis l’Occident via les ancêtres des fameuses routes de la soie. Son procédé de fabrication restant très longtemps inconnu des peuples d’Europe et du Moyen Orient, la soie devient très rapidement une matière de luxe.
La Chine conservera le quasi-monopole de la production de soie pendant plusieurs millénaires. Ce n’est qu’au VIème siècle de votre ère que deux moines réussissent à rapporter des vers à soie à l’Empereur byzantin. L’empire perse maîtrise la production à cette période-là également. En envahissant cet empire, les arabes la diffuse à l’ensemble du monde islamique, jusqu’en Espagne et dans le sud de l’Italie. Mais il faudra attendre les croisades (XIème et XIIème siècle) pour que l’Occident chrétien en maîtrise les tenants et aboutissants.
L’industrie de la soie ne profite pas des grandes innovations de la révolution industrielle dans le filage, car la soie est naturellement un fil fin mais la mécanisation permet de dérouler le fil et de le tisser beaucoup plus rapidement. Plusieurs facteurs dont l’ouverture du canal de Suez qui réduit considérablement les couts d’importation de la soie, des épidémies et les progrès de la chimie appliquée au textile sonnent le glas de la production européenne de soie au XIXème.
La production de soie aujourd’hui
Depuis la Seconde Guerre mondiale, l’apparition de fibres chimiques comme le nylon ont encore réduit l’usage de la soie dans le monde, mais celle-ci reste un tissu très prisé pour les vêtements de luxe et la lingerie. Avec 150 000 tonnes de soie produites chaque année, celle-ci ne représente moins de 0,2% du marché mondial de fibres textiles et reste largement dépendante de quelques grands pays consommateurs tels que l’Inde et le Japon.
90% de la production mondiale de soie brute est faite en Asie. Depuis son ouverture économique dans les années 1980, la Chine est redevenue le principal producteur mondial, suivie de l’Inde.
Outre les fibres chimiques qui essayent de l’imiter, il existe différentes sortes de soie, n’ayant pas toutes la même qualité. Cela dépend de l’animal qui fabrique le cocon. Le plus connu et celui qui fabrique la soie de meilleure qualité est la chenille du papillon « bombyx du mûrier », appelé plus communément « ver à soie ». Les chenilles d’autres insectes (papillons, araignées…) fabriquent également des cocons en fil de soie.
Les propriétés de la soie
La soie est obtenue après tissage des fils du cocon en un tissu au reflet, au pouvoir d’absorption et à la douceur exceptionnels. En effet, la soie est un tissu qui a naturellement une faible épaisseur, elle est légère et agréable à porter. Contrairement à ce que cela pourrait laisser penser, c’est la fibre naturelle la plus solide connue et elle isole très bien, de la chaleur en été et du froid en hiver. Ce n’est par contre pas le tissu le plus simple à entretenir.
Les enjeux sociaux et environnementaux de la soie
Comme pour toutes les cultures, celle de la soie utilise aujourd’hui diverses substances et produits chimiques dangereux pour l’environnement, notamment lors des opérations de décreusage et de charge. Les vers sont également souvent traités aux antibiotiques ou avec des hormones. Ceux-ci sont d’ailleurs souvent tués au moment de récupérer le fil de soie dans la culture traditionnelle; ils ne se transforment donc jamais en papillons.
Pour toutes ces raisons, il est donc important de privilégier les cultures du mûrier, dont se nourrissent les vers à soie, provenant de l’agriculture biologique. Celles-ci respectent l’environnement et les animaux.
La récolte des fils de soie étant demandeuse en main d’oeuvre, l’industrie fait travailler des enfants et de personnes en situation de quasi-esclavage dans les pays en développement tel que l’Ouzbékistan. Hommes, femmes et enfants sont également soumis aux atmosphères surchauffées et insalubres des ateliers permettant la transformation des fils de soie de l’industrie traditionnelle. Pour éviter d’acheter des vêtements fabriqués dans de telles conditions, privilégiez les marques transparentes labellisées dans le cadre du commerce équitable. Les labels environnementaux (garantissant notamment l’agriculture biologique) s’intéressent également aux conditions de vie des ouvriers.
Pour aller plus loin:
Les fibres textiles
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